Pourquoi ce titre?

Un souffle de baleine, une aile de macareux

Il m’a fallu du temps pour comprendre pourquoi certaines formes, certains êtres, certains animaux m’accompagnent, même en silence.

La baleine et le macareux sont de ceux-là.

Je n’ai pas cherché un symbole. C’est venu autrement — 
comme cette lumière d’un soir qu’on n’a jamais photographiée, mais qu’on garde en soi. 
Elle revient parfois sans prévenir.

Il y a dans la baleine quelque chose de grave et de tranquille. Elle traverse les océans sans bruit, comme si elle savait déjà où aller, sans jamais avoir besoin de prouver qu’elle sait. J’y vois la profondeur, le silence intérieur, le poids des émotions qu’on garde pour soi, mais qu’on porte loin.

Le macareux, lui, semble fait d’un autre souffle. 
Il est maladroit et élégant à la fois, libre, curieux, étonnant. 
Il revient toujours à ses terres battues par le vent, après avoir traversé les océans. 
Lui, c’est l’œil qui observe, le pas qui grimpe, le cœur qui veut encore découvrir — même après l’effort.

Je suis un voyageur intérieur et extérieur.
Je marche le monde autant que je l’écoute.
Je voyage, oui — mais pas seulement avec les pieds.
Ce sont les livres, les regards, les paysages, les silences — et beaucoup ! — les rencontres, qui me déplacent.
Parfois loin. Parfois en moi.

Et puis, il y a une autre raison, enveloppée de silence.
Les baleines portent en elles une mémoire que je n’ai jamais tout à fait quittée.
Une présence absente qui flotte dans l’eau, quelque part.
Je n’en dis pas plus, je n’en efface rien non plus. La trace reste, comme le sillage d’un corps immense passé sous la surface.

Voilà pourquoi ces deux-là m’accompagnent.
Et pourquoi ce site leur emprunte leurs formes.
Parce qu’ils sont à la fois dehors et dedans. Comme moi.

Et si ce voyage a un but — s’il y a une île quelque part —
alors qu’elle soit, comme dans ce vieux poème, un prétexte à tout le reste :
aux détours, aux lenteurs, aux imprévus, à ce que l’on découvre en chemin —
et surtout, à ce que l’on découvre en soi.

Voilà pourquoi je photographi

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